Le mariage pour tous

  Si l’on recherche les signataires corréziens de la pétition qui circule sur le net contre le mariage pour tous, on a bien des surprises!

Quelle levée de boucliers pour une évolution sociétale qui s’applique déjà dans les faits !

Il me souvient que l’instauration du PACS pour tous les couples avait en son temps (pas si vieux), déjà soulevé quelques passions.

Et voilà que les mêmes qui critiquaient ce fameux PACS veulent maintenant l’améliorer pour les couples de même sexe afin d’éloigner l’horrible idée de les marier.

Les personnes qui sont contre le mariage pour tous ont en général des approches différentes (ou même plusieurs d’ailleurs!) :

- les unes en raison du caractère sacré du mariage religieux uniquement utile à la procréation

- les autres en raison de l’adoption possible d’enfants

- d’autres encore (mais ils ne l’avouent pas facilement) craignent plutôt un risque de pédophilie

Dans tous les cas, ces personnes arguent du fait qu’un enfant doit trouver l’équilibre homme/femme au sein d’une « famille normale », pour se construire harmonieusement.

Et combien y a-t-il de familles « normales » de nos jours ?

Quelle hypocrisie !

Premièrement la religion n’a pas à entrer dans ce sujet puisqu’il s’agit d’un mariage civil à la mairie, le seul reconnu par la loi. Que je sache, l’Eglise ne reconnaît pas le mariage civil comme valable à ses yeux, donc ce mariage-là ne la concerne pas non plus !

Aucune confession (conservatrice de par nature) ne devrait influer sur la pensée des législateurs d’un pays laïc. Elle qui prône l’amour et le partage ne peut refuser l’égalité des droits pour tous ni empêcher l’évolution naturelle de la société.

Quelle est la valeur du mariage aujourd’hui où tant de couples se séparent et divorcent ?

Ceux qui crient tant à la valeur de cette union doivent donc interdire le divorce comme le fait l’Eglise !

Le symbole de la création d’une famille qu’il représentait il y a peu est écorné depuis longtemps. Combien de couples hétérosexuels se marient de nos jours? L’union libre encore honteuse avant mai 68, est devenue la règle pour nos jeunes couples comme pour ceux plus âgés qui se reconstituent.

Alors pourquoi refuser à des gens qui s’aiment et qui éduquent déjà ensemble des enfants le droit fondamental de partager l’autorité parentale et d’hériter de l’autre à son décès ?

Pour les homosexuels qui réclament le mariage pour tous, il est la preuve d’un profond amour, d’un engagement fort et surtout d’une honnêteté de situation au sein de la société.

Deuxièmement, dois-je rappeler que l’adoption par une personne célibataire est possible et que j’en connais personnellement plusieurs cas ? L’équilibre « homme/femme » est-il respecté alors ?

C’est étonnant, personne n’a fait signer de pétition contre les adoptants célibataires, homme ou femme d’ailleurs, peu importe.

Et qu’en est-il dans la réalité ? Eh bien des centaines de milliers d’enfants en France vivent déjà dans des familles homosexuelles, suite à des divorces et des familles recomposées. Pour preuve, des extraits de « Homoparentalité » écrit par M. Varilleau et J. Vacher :

«  Selon les estimations de l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), 11 % des femmes lesbiennes et 7 % des hommes gays seraient parents. La moitié serait des "ex-hétérosexuels", et leurs enfants issus d'une précédente union "mixte". »

Qui n’en connaît pas ? On a tous des exemples dans notre entourage de situations semblables.

Les auteurs poursuivent : «  L'autre moitié concerne des personnes devenues parents à travers un "projet de coparentalité". L'enfant est alors conçu avec un(e) ami(e), le père et la mère ne partageant pas la même vie, mais l'éducation de l'enfant.

Toujours selon ces estimations, 3 à 4 % des hommes gays parviennent à adopter, et un très petit nombre d'entre eux recourent à des mères porteuses, à l'étranger. »

La réalité est là, dans la vie de tous les jours, elle existe partout autour de nous, ne nous voilons pas la face !

En vérité, lorsqu’un couple homosexuel veut des enfants, c’est qu’il est un couple solide, qui s’aime, ayant chacun son rôle et qui donnera tout l’amour possible aux petits qui viendront dans son foyer. Un enfant a autant besoin d’équilibre dans les rôles  « autorité/ douceur » que d’amour et de stabilité. Et puis ces couples ne vivent pas en vase clos, ils côtoient aussi leur famille et des amis où l’enfant trouvera d’autres référents masculins et féminins.

Troisièmement aucune étude n’a démontré que des enfants élevés par des couples homosexuels deviennent à leur tour homosexuels. Le risque est exactement le même que chez les couples normaux car les scientifiques s'accordent à dire que l'homosexualité n'est liée ni à l'hérédité ni à l'éducation.

Quant à la pédophilie, on la trouve plus couramment chez de bons pères de famille, (voire même des écclésiastiques) que chez les homosexuels. Et les enfants de parents gays ou lesbiens encourent moins de risques d'être victimes d'abus sexuel ou physique de la part de leurs parents.

Toujours dans « Homoparentalité », un couple homosexuel énonce à propos de leur fils adopté par l’un d’eux : «  Nous, ce que nous voulons, c'est lui communiquer une ouverture d'esprit, une tolérance. Ce sera sa richesse »

N’est-ce pas là le principe de base avec l’amour qu’on doit donner ?

Il serait temps que la France respecte enfin, dans le traité d’Amsterdam, l’article 13 qui ne reconnaît pas la sexualité comme discriminatoire dans l’adoption.

Michèle Reliat

Le 11 décembre 2012